Tu as peut-être entendu parler de la théorie expliquant qu’il existe deux profils d’auteur : jardinier ou architecte. Mon expérience m’a prouvé, en effet, que les auteurs penchaient en général d’un côté ou de l’autre. Découvre dans cet article pourquoi il est important d’identifier à quelle catégorie on appartient et surtout comment le faire.
Jardiner ou architecte : les deux grands profils d’auteurs
Le jardinier est un auteur qui se lance dans l’écriture de ses histoires à partir d’une idée sans réellement savoir à l’avance ce qui va se passer. Le jardinier se nourrit de ce qu’il écrit pour imaginer la suite de son œuvres. Il a besoin de concret pour trouver des idées.
A l’inverse, l’architecte ne se lance dans l’écriture de ses histoires que lorsqu’il a tout conçu. Il dispose d’une capacité de conceptualisation lui permettant de théoriser son histoire et ne peut écrire sans disposer d’un plan.
On peut bien sûr être un mélange des deux. L’architecte pourra agir comme un jardinier à certains moments et inversement.
Je t’arrête tout de suite, il n’y a pas de méthode plus rapide que d’autre.
Le jardinier va plus ou moins écrire son roman d’une traite, puis il le réécrira entièrement.
L’architecte passera du temps à fixer la trame de son histoire et reviendra beaucoup moins sur son texte que le jardinier une fois la première version écrite.
Pourquoi est-il important d’identifier son profil d’auteur ?
Le profil détermine la méthode que tu vas employer pour écrire.
Tu peux voir que se lancer directement dans l’écriture ou devoir tout prévoir dans le détail sont des façons de fonctionner radicalement opposées.
Ainsi, un auteur jardinier aura beaucoup de mal à conceptualiser la totalité de son histoire avant de l’écrire. L’architecte aura beaucoup de mal à se lancer sans un plan.
Ce qui signifie que si tu optes pour la méthode qui ne te correspond pas, tu vas rencontrer des difficultés pour écrire :
- L’architecte abandonnera sans doute l’écriture de son roman en cours de route,
- Le jardinier reviendra encore et encore sur la conception de son roman sans jamais en voir le bout.
Comment savoir à quel profil on appartient ?
Comme je le disais plus haut, on n’est jamais vraiment tout l’un ou tout l’autre mais on peut dire qu’il y a une dominante chez chaque auteur.
Pour savoir à quel profil on appartient, on peut déjà essayer de réfléchir à la façon dont on appréhende les choses dans la vie.
- Si on a plutôt besoin d’expérimenter, de tester, de mettre les mains dans le cambouis pour comprendre un concept, alors on est plutôt jardinier.
- Si on peut comprendre quelque chose à partir de théories, de schémas, d’éléments abstraits, alors on est plutôt architecte.
Mais pour être sûr, il va falloir expérimenter les deux méthodes d’écriture.
La bonne façon de faire est celle où tu rencontres le moins de blocages.
Si tu t’essaies à la méthode du jardinier et que tu ne produis que quelques lignes par semaine, tu sauras que ce n’est pas pour toi.
Si tu t’essaies à la méthode de l’architecte et que tu n’arrives jamais à fixer la structure de son histoire, tu pourras tirer la même conclusion.
Tout en gardant à l’esprit que tu vas sans doute alterner entre les deux méthodes car on n’est jamais complètement jardinier ou architecte.
Alors comment fait-on pour concilier les deux profils ?
Comment concilier le jardinier et l’architecte qui est en tout auteur ?
Je vais te parler de mon expérience personnelle.
Pendant des années, j’ai voulu fonctionner comme un architecte (parce que tout le monde disait autour de moi que c’était LA bonne façon d’écrire). Mais, comme cela ne correspond pas du tout à mon profil, la conception de mes histoires s’éternisait et j’avais la sensation de ne jamais en voir le bout. J’avais beaucoup de notes, je n’arrivais jamais à fixer une trame et j’écrivais extrêmement lentement.
Puis, j’en ai eu assez et j’ai tenté d’être un jardinier. Et là, révélation ! J’ai commencé à trouver vraiment du plaisir à écrire, je suis venue à bout de deux romans, j’ai rencontré moins de blocages.
Cependant, comme je ne suis pas un pur jardinier, je rencontre parfois des moments où j’ai des difficultés à avancer. Je sens que j’ai besoin de savoir ce qui va se passer dans la suite de mon histoire.
Dans ce cas, je passe par une étape d’architecte et je conçois un plan (succinct) pour quelques chapitres ou une partie entière (que je ne respecte souvent pas totalement d’ailleurs mais qui permet de me relancer).
Et en général, cette étape me rassure et je peux reprendre l’écriture.
C’est comme cela qu’on concilie les deux profils. Il faut vraiment prendre conscience que lorsqu’on ressent un blocage, il faut changer de méthode et ne pas s’embourber avec des pensées du type : “je suis jardinier, hors de question que je conçoive le moindre plan” ou “je suis architecte, je suis incapable de me lancer si certains points sont flous”.
La clé du succès est de rester pragmatique.
Est-ce que le type de projet a une influence sur la méthode ?
J’ai parfois lu qu’on devait changer de méthodes en fonction du projet.
Il y aurait des projets qui nécessiteraient d’être plus structurés avant d’être écrit :
- comme un thriller avec une intrigue complexe et un retournement à la fin par exemple
- comme un roman avec beaucoup de recherches documentaires
Et d’autres où il serait plus simple de se lancer directement.
Je ne crois pas vraiment à cette théorie.
D’une part, j’ai lu des Stephen King ou des Bernard Werber avec des intrigues complexes alors qu’il sont des purs jardiniers d’après la façon dont il décrit son processus d’écriture. Donc le jardinier peut se tourner vers le genre qu’il veut.
C’est simplement qu’un jardinier aura l’idée du retournement dès le début et qu’il écrira son histoire au fur et à mesure en gardant cette fin en tête. Ou il aura l’idée du retournement en cours de route.
Et ce n’est pas grave car, une fois arrivé à la fin du roman, il le réécrira entièrement et affinera sa structure pour améliorer son intrigue et rendre plus efficace le twist de fin.
D’autre part, la recherche documentaire n’a rien à voir avec la conception de l’intrigue. C’est une étape à part où on collecte des informations. Un jardinier va simplement commencer à écrire et faire sa recherche documentaire en même temps. Ou il va collecter toutes les informations dont il a besoin avant de se lancer dans l’écriture.
Tu vois, il n’y a pas vraiment de limite, qu’on soit jardinier ou architecte.
Qu’est-ce que tu dois retenir de cet article ?
- Si tu a l’impression de ne pas avancer ou d’écrire lentement, c’est peut-être que tu utilises une méthode qui ne correspond pas à ton profil.
- Dans ce cas, tente la méthode de l’autre profil et regarde ce qui se passe.
- Quand tu as trouvé la méthode dominante, n’hésite pas à passer de l’une à l’autre dès que tu te sens bloqué.
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Merci beaucoup pour cet article ! Avec tous les conseils d’écriture en ligne, et les gens qui clament haut et fort qu’il faut absolument planifier pour être un bon auteur, c’est difficile de se rendre compte que cette méthode ne fonctionne pas pour nous. Et le pire, c’est qu’il y a très peu d’auteurs jardiniers qui tiennent des blogs ou qui parlent de leur méthode d’écriture, alors c’est difficile de visualiser comment faire quand on est jardiniers, ou trouver des conseils. Je serais ravie de lire plus d’articles sur ta méthode d’écriture si tu prévois d’en publier d’autres ! ^^